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Publié par VILLEVERTE

Villeverte

Compte rendu : « Colloque Garrigues, regards croisés »

Sup’Agro Montpellier - 19 novembre 2013

Le colloque intitulé « Garrigues, regards croisés : Un territoire pour demain » , organisé par l’association « Ecologistes de l’Euzière », créée il y a plusieurs années par des chercheurs de diverses disciplines au pied du Pic Saint Loup, était organisé autour d’un moment fort : la publication de l’Atlas des Garrigues. Celui-ci a fait, en ouverture, l’objet d’une présentation officielle. Un ouvrage en tous points remarquable qui offre une vision nouvelle sur un environnement très méconnu. Le territoire considéré englobe une vaste zone s’étendant de la vallée de la Cèze au Nord à la vallée de l’Hérault au Sud, soit environ 340000 hectares dont 80% sont détenus par des propriétaires privés (273000 hectares dont 97000 de forêts).

Atlas des garrigues

Présenté par Manuel Ibanez, un des coordonnateurs de l’association les Ecologistes de l’Euzière (association qui a édité l’ouvrage), « l’Atlas des garigues » a été lancé en 2009 par un groupe de 20 personnes. Sa rédaction a réuni une centaine d’auteurs et 80 photographes. Il comporte 360 pages, illustrées de photos et de 83 cartes réalisées avec le concours de Terracarte. (Prix 44 euros)

« Au total 240 personnes se sont impliquées à différents niveaux » précise Manuel Ibanez, permettant de donner naissance, en parallèle, à une encyclopédie vivante (accessible sur Internet : www.wikigarrigue.info) appelée à s’enrichir de multiples contributions.

L’Atlas des garrigues offre à la fois des cartes de synthèse et des cartes descriptives. Exemple :

  • la géologie (entre deux failles (Cévennes et Nîmes),
  • la faune et la flore (inventaire des inventaires),
  • l’aléa incendie (en 2011 + risques),
  • l’histoire (3ème millénaire avant notre ère, villages en pierres sèches, églises romanes…),
  • Les activités (viticoles, élevage),
  • Les capitelles, par communes (inventaire des inventaires)

Le tourisme, les loisirs avec 3 niveaux : très hauts (Pont du Gard, Bambouseraie d’Anduze..) ; de plein air (falaises, rivières) ; de découvertes (sentiers…)

  • Les relations garrigues-villes (flux quotidiens, densité population, aires urbaines).

Christian Dupraz , conseiller général (Pic Saint Loup/Hérault) décrit en ouverture « un espace d’aventure façonné par les hommes ». Un lieu de travail et d’activités avec des bergers, des cueilleurs. « La garrigue est aujourd’hui », remarque-t-il, « de plus en plus habitée mais présente des aspects de prison verte car les espaces se referment ». A ce sujet il relève que d’après les cartes IGN de 1970 , « 80% des chemins ont disparu ». Il suggère d’avoir « un double objectif : économique et de protection ». Dans les pistes de travail il cite la ressource en bois et signale, par ailleurs, que « le conseil général de l’Hérault travaille avec le collectif Garrigue sur une idée de Parc régional ».

Monique Pétard (conseillère générale de l’Hérault en charge de l’environnement) souligne l’intérêt du collectif « qui fait le lien entre l’Hérault et le Gard » et parle de« l’approche sensuelle des milieux » partagée par tous.

Jean-Paul Salasse (un des auteurs de l’Atlas) insiste sur le rôle de l’éditeur qui en l’occurrence a dû assumer des paradoxes en tranchant les débats entre géographes et biologistes et le souci de conserver un patrimoine en prenant l’homme en compte. Il prend aussi comme exemple la complexité extraordinaire du foncier et la nécessité de répondre à la question primordiale : « Il y a t-il une identité culturelle des garrigues ? »

En terme d’usage il analyse : « le sentiment est que la garrigue appartient à tout le monde et le public a l’impression d’être chez lui ». Il pointe l’évolution entre milieux ouverts et milieux fermés et affirme « il faut regagner de la place ». Une répartition qu’il faudra gérer et à quel prix ?

A ce sujet il cerne «des enjeux lourds avec des réponses à construire » ceci avec des contributions, des points de vue qui devraient, notamment, venir du Collectif garrigue élargi d’office aux participants du colloque (dont pourquoi pas le Comité de quartier Villeverte ?) et à toute personne nouvellement intéressée communiquant son mail.

Olivier de Labrusse (Atlas des garrigues) repère un questionnement à 3 niveaux : connaissance du relief (spatial), l’atmosphère, le sous-sol .

Il liste : les espaces intermédiaires (concurrence entre vignes et urbanisation sur les côteaux) ; les aspects naturalistes (17% du territoire connu, 30% sans information, 53% dans des situations intermédiaires avec des manques). En ce qui concerne l’avenir des vides et en regard de la question des pleins il remarque que les forêts n’ont souvent que 60 ans d’existence.

Au niveau souterrain et à propos de la ressource en eau : un seul réseau connu. Quid de l’archéologie, de la spéléologie ? (300 cavités dans l’Hortus)

Enfin sur le climat il note « le manque de données, fiables depuis 43 ans au mieux, 18 ans le plus souvent » et l’absence de données spatiales sur les petits versants « qui peuvent recevoir parfois deux fois le débit de la Seine ».Il interroge aussi sur les bilans carbone, le rôle de la chênaie verte et les effets de l’urbanisation avec « une évolution extrêmement rapide ces 25 dernières années ». Ainsi, la forêt a reculé de 30%, 74 % du territoire a changé d’affectation. Quid des zones en reforestation économique ?

Les problématiques apparaissent différentes pour les petites propriétés et les grandes, avec une majorité de zones privées (dominantes dans l’Hérault).

Il défend l’idée d’une charte des garrigues (voir note page 4) pour les aspects politiques avec « la prise en compte d’une dialectique entre végétal et humain » mais éloigne « le fantasme d’une nature vierge ».

Monique Pétard met en avant, dans une nouvelle intervention, un travail de recherche mené au niveau du département de l’Hérault avec l’ensemble des associations pédagogiques et environnement (63 associations), l’animation d’un Forum bi annuel ; Elle indique que « le conseil général s’appuyant sur un outil de 3600 salariés mis en place il y a 20 ans » dispose d’un observatoire de l’eau et de l’environnement qui possède 20 millions de données (à disposition du collectif garrigue) dont se sont emparées des commissions locales de l’eau.

A propos de l’étalement urbain « il y a un véritable engagement sur la limitation », affirme cette élue « mais nous sommes devant 30 ans de politique de zonage des communes. Certes, il y a les PLU et les SCOT (Schéma de cohérence territoriale) mais il y a le lobby des habitants. Or, on sait qu’il a déjà manqué 30000m3 d’eau en 2005 » .

Christophe Cavard (élu au Conseil général du Gard et député), affirme « que des personnalités commencent à jouer leur rôle et qu’une réflexion est ouverte, par exempl,e sur l’utilisation touristique de la garrigue ».

Manuel Ibanez analyse « qu’il y a beaucoup de questions sur la politique et que les connaissances rassemblées, associées à un lieu de débat (l’encyclopédie vivante) vont permettre de savoir là où l’on veut aller ». La réponse devrait être affichée dans la future charte.

Christian Dupraz estime, lui aussi, que les élus ne peuvent répondre que lorsqu’une question est posée or jusqu’ici, dit-il, « on a les problèmes pas encore les réponses ».

Au sujet des terrains militaires il est précisé (intervention dans la salle) que les ¾ vont passer du ministère de la défense à celui de l’environnement et qu’il s’agit en partie d’un milieu ouvert avec déjà 2 troupeaux de brebis.

Christophe Cavard intervient cette fois en tant que président du syndicat mixte des Gorges du Gardons. Il expose un projet de parc régional lancé sur cette zone et se dit partisan de la recherche d’un outil commun pour gérer les conflits d’usage, fédérer les réflexions. « On est dans l’étude de faisabilité » mais, reconnaît-il avec regret , « la réflexion actuelle se fait seulement du côté gardois ».

Conclusions :

Béatrice Chevalier, vice présidente du Conseil régional Languedoc-Roussillon apporte son soutien au collectif et encourage les travaux menés en jugeant la démarche utilisée originale, « par sa qualité, la méthode associant des scientifiques » et elle estime « qu’elle devrait servir de modèle ».

Cinq défis sont à relever :

  • Promouvoir un urbanisme qui protège la garrigue, singulier et cohérent
  • Trouver un équilibre entre économies, résidentielles, productivistes et agricoles,
  • Préserver des zones de diversité et d’interdépendance en cohérence
  • Garantir la ressource en eau,
  • Accompagner la transition énergétique notamment en termes de transports.

A propos de l’organisation territoriale, elle estime que la création d’un Parc régional manque pour le moment de cohésion locale. Pour cette responsable régionale, « la première étape de la Charte est de promouvoir cette cohérence pour avoir un acteur afin de donner des règles, définir des choix et des enjeux » .

Ce sera, assure-t-elle, « une force de proposition pour trancher les alternatives ».

Jacques Arlandis porte voix du Collectif des Garrigues et président de l’association qui gère celui-ci, remercie la vice présidente de la région « pour cette feuille de route qui va permettre de faire vivre cette action ».

Auparavant ce responsable avait décrit les trois entités qui constituent l’originalité du collectif né en 2013 :

  • Le réseau, qui regroupe 300 structures ou individus. Son rôle est primordial car tout part des propositions et actions sur le terrain. Le collectif envisage néanmoins de créer, en 2014, le titre d’ « adhérent associé » pour accueillir d’autres associations ou collectivités publiques.
  • Le forum dont le rôle est de valider et d’orienter les travaux. C’est l’instance d’orientation stratégique. Chacun peut y participer, sans aucune contrainte.
  • L’association qui assure gestion et animation du collectif (bureau, AG …) espère se pourvoir de deux salariés en 2014. Ses ressources proviennent de subventions (région, conseils généraux Gard et Hérault), et de fonds propres constitués par des expertises (réponse à des appels à projets) et des actions de formations.

Charte des garrigues :

Le document de travail a été élaboré à partir d’un état des lieux avec des pistes de propositions.

L’idée a été lancée en 2010 lors d’une rencontre au Pont du Gard. Ensuite 400 personnes se sont rassemblées sur le terrain à Bernis (Gard).

9 axes thématiques ont été définis avec 47 constats et 36 orientations.

« On part de zéro » analyse Manuel Ibanez « et il s’agit de mettre un fil rouge avec les priorités territoriales. C’est à compléter ».

Le prochain Forum devrait être organisé fin janvier ou début février 2014.

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