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Publié par VILLEVERTE

 

Vu dans MIDI-LIBRE

Traqués aux portes des habitations, les sangliers n'ont peur de rien
PHILIPPE BERJAUD
14/11/2012, 06 h 00 | Mis à jour le 14/11/2012, 08 h 37


Les sangliers campent aux portes des habitations. Pour le gîte et le couvert. Les lieutenants de louveterie sont chargés de les traquer. Les sangliers sortent surtout la nuit et n’ont pas peur de l’homme. Les battues administratives, ordonnées par le préfet s’achèveront ce soir.

Les battues administratives que le préfet a ordonnées ont débuté lundi soir et s’achèveront ce soir. Secteurs ciblés : Carreau de Lanes, Combe des Oiseaux, route d’Anduze, La Cigale. Les lieutenants de louveterie utilisent un gros 4x4 pick-up.

Murets effondrés, grillages défoncés

Le toit de la cabine est recouvert d’un tissu épais sur lequel reposent les carabines. Les tireurs sont debout sur le plateau, appuyés sur la cabine à hauteur de coudes, les mains de part et d’autre des armes. Ils portent bonnets et vêtements chauds car il gèle à cause du vent glacé provoqué, malgré sa lenteur tactique, par le déplacement du véhicule.

Suivis par cinq ou six sangliers

Deux hommes braquent de puissants projecteurs dont le faisceau pénètre les fourrés les plus épais et illumine les terrains découverts jusqu’à 150 m. Les traces repérées du sanglier sont loin d’être anodines : murets effondrés, grillages défoncés, sentiers sous les fourrés, bas-côtés "démontés". Le 4x4 arpente les petites voies isolées aux pentes raides autant que les grandes rues bien éclairées.

Pour éloigner les rôdeurs, hommes et sangliers

La bête vaque n’importe où. Sur la superbe pelouse du rond-point de Vacquerolles, par exemple, comme pour mieux regarder passer les voitures, ou sur une table de pique-nique du bois des Espeisses. Elle est créative. "Une fois, à Navacelles, on s’est aperçu qu’on était tranquillement suivis par cinq ou six sangliers", dit un lieutenant.

Du haut du pick-up et sous les feux des projecteurs, Nîmes se dévoile autrement : piscines de magazines de décoration, maisons château, baies vitrées de 50 m de long, propriétés somptueuses, certaines s’illuminant automatiquement à l’approche du portail, côté rue, pour éloigner les rôdeurs, hommes et sangliers.

"S’ils se sauvent, c’est qu’ils ont déjà été tirés"

Il y a aussi énormément de terrains en friche, où se cache et se reproduit la bête. "Ces friches interdites expliquent la présence grandissante des sangliers en zone urbaine, dit Jean-Pierre Boulet, responsable du secteur de Nîmes. Et comme des gens leur donnent même à manger à certains endroits, ils ne s’en vont pas."

Les sangliers, qui sortent surtout la nuit, se sentent tellement à l’aise dans certains quartiers, qu’ils n’ont pas peur de l’homme, disent les lieutenants de louveterie. "Ils sont habitués à lui. Les cris ne les font pas partir." Et quand ils sont pris dans le faisceau du projecteur, ils attendent, ils regardent ce qui va se passer. "S’ils se sauvent, c’est qu’ils ont déjà été tirés. Et là, ce n’est pas simple."

Lundi soir, peut-être à cause du vent, la traque paraît vaine, les porcs sauvages n’ont pas quitté le maquis. L’équipage en repérera trois, ombres fondues dans le décor et lointaines. Contrairement aux renards ou aux chats, les yeux du sanglier ne réfléchissent pas la lumière. Pour les avoir, le mieux est de leur tomber dessus, tout en douceur. Car ils se sentent un peu chez eux... chez nous.
Bernard face à des envahisseurs dans les garrigues est de la ville

« Le phénomène a pris de l’ampleur depuis une dizaine d’années. À présent, les sangliers entrent fréquemment sur mon terrain et le labourent par endroits. Notamment sous les chênes verts, pour les glands, et au niveau du réseau d’épandage de la fosse septique. Je redoute qu’ils finissent par l’endommager. »

Bernard, retraité, habite depuis trente-cinq ans sur les hauts de la rue des Sophoras dans les garrigues est de la ville, non loin du camp des garrigues. Il a divisé son terrain de six mille mètres carrés en trois, afin que sa fille et son fils puissent à leur tour construire leur maison. Trois générations voisinent ainsi. Et il n’est pas rare que l’un ou l’autre membre de la grande famille se retrouve nez à nez avec un sanglier. Le soir ou le matin.

Un courrier adressé au préfet en septembre

« C’est toujours impressionnant, confie Bernard. Et puis, j’ai des petits-enfants en bas âge, alors, on a une certaine appréhension. » En septembre, las, Bernard a écrit au préfet pour lui expliquer sa situation - mais aussi celle de ses voisins - confronté aux envahisseurs. Ils dégradent et font même peur.

Certes, le terrain de Bernard et de ses enfants est entouré par des clôtures grillagées, mais cela s’avère souvent insuffisant face à l’opiniâtreté des importuns. « Les sangliers parviennent à les soulever », peste-t-il. Le retraité pointe aussi une aberration des règlements de l’Urbanisme : « Il est interdit de faire passer des grillages sur les clapas. » Bernard attend désormais que des battues soient également ordonnées dans les quartiers est de la ville.

RICHARD BOUDES rboudes@midilibre.com

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